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Cancalaises

Comme les Granvillais, les Cancalais ont un destin étroitement lié à la mer. Nombre d’entre eux ont servi par le passé sur les vaisseaux du roi et des corsaires malouins.

Au XIXe siècle et au début du XXe, c’est sur les Terre-Neuvas qu’ils embarquent. Au printemps, ils rallient le port de Saint-Malo, engagés par les armateurs pour pêcher la morue. 

Cette une pêche dangereuse, qu’ils pratiquent au large du Canada ou de l’Islande, risquant leur vie pour nourrir une famille dont ils sont séparés durant 7 à 8 mois.

Trois par trois ou deux par deux, ils sont descendus du bord dans des doris. De ces légères embarcations, ils tirent lignes et filets à la lumière d’une lanterne, piégeant la morue dans les eaux glaciales et poissonneuses.

Le plus grand risque pour les marins est de s’égarer dans le brouillard et de se perdre parfois seulement à quelques encablures du bateau. C’est un de ces accidents que narre Théodore Botrel dans une chanson de marin : « Les Terr’-Neuvas »

Winslow Homer

Au retour de leur campagne, les Cancalais retrouvent leur famille sur le port de la Houle, face au Mont-Saint-Michel et aux îles de Chausey. Ce port d’échouage établi au bord d’une immense grève forme un village important habité presque uniquement par des pêcheurs.

C’est le principal lieu d’activité de Cancale. Les chantiers navals y travaillent à la construction et à l’entretien des bisquines, affinant les formes de ce bateau mythique. C’est de là que partent les marins-pêcheurs qui vont draguer les huîtres et pêcher les soles qui font la renommée de Cancale.

C’est aussi le lieu d’importantes transactions. Chaque jour, des cargaisons d’huîtres y sont chargées pour les grandes villes jusqu’à Londres et Paris.

La plupart des hommes embarqués en mer une bonne partie de l’année, le port de la Houle et son village de pêcheurs sont alors majoritairement peuplés par des femmes et des enfants.

C’est à eux qu’incombe la responsabilité de la culture des huîtres sur les 172 hectares de grève concédés à l’ostréiculture. Ce mode de vie forge la personnalité des Cancalaises, leur courage et leur audace.

John Singer Sargent 

Le journal Ouest Eclair - 8 mai - 1909

Eugène Feyden

« Il nous parait intéressant de mettre sous les yeux de nos lecteurs un événement curieux et sans précédent qui dénote de la part des habitants de la Houle une vaillance vraiment peu commune. Cela se passait le jour de la sixième et dernière sortie des bisquines, qui eut lieu lundi par un temps superbe, mais avec une bonne brise cette fois.

Au moment du départ, que voit-on sur le pont de plusieurs bateaux ? Tout le monde regarde curieusement. Tiens, tiens, on dirait ! On dirait, parbleu, de petits bonnets blancs et l’on croirait que le beau sexe cancalais a fait irruption à bord et se décide à partir avec la caravane !

Vite, nous courons au renseignement et nous apprenons qu’en effet plusieurs femmes s’étaient faites inscrire sur les rôles de pêche, comme de vraies matelotes, quoi ! Pourquoi cette innovation que de mémoire de pêcheur on n’avait jamais vue à Cancale ?

Cela ma foi avait paru tout naturel à nos jeunes houlières. Les unes s’étaient engagées à remplacer leurs frères, marins de l’État, obligés à l’expiration de leurs permissions de rallier Brest ou Cherbourg, les autres voulaient suppléer leurs maris forcés de rejoindre les chalutiers à vapeur en partance pour l’Islande ou les bancs de Terre-Neuve. »

Article tiré du livre "Voyageurs d'hier, Paris - Bretagne -Normandie"

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