Paramé, un lieu de villégiature très mondain - artistedelabaie.com

Paramé, un lieu de villégiature très mondain

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Paramé, commune balnéaire

tramway Paramé - Saint-Malo

En 1888, pour relier Saint-Malo à Saint-Servan et Paramé, la mise en place d’un service de tramway est déclarée d’intérêt public par le gouvernement du président Sadi Carnot. Le 25 août 1889, la ligne est effective.

Le Sillon promenade de Saint-Malo à Paramé

Le vieux bourg de Paramé situé à 3,5 km de Saint-Malo, lui est complètement relié par une série d’hôtels, de pensions de famille et de riches villas, parfois baroques. S’étendant le long d’une immense plage sablonneuse, on peut la longer à pied par la digue du Sillon. Le Grand Hôtel du Casino, qu’avoisinent le théâtre et le cercle de jeux, en marque à peu près le milieu. La plage de Paramé rebaptisée plage de Rochebonne attire de nombreux baigneurs qui s’y pressent tout le long de la saison.

Location de vacance à Saint-Malo

C’est à Rochebonne que sont implantées les principales agences de location. Maisons et appartements se trouvent facilement, la noblesse et la bourgeoisie paraméennes passant l’été à la campagne, beaucoup de familles ne dédaignent pas de louer leurs logements aux étrangers qui fréquentent les plages. Propriétaires et locataires deviennent parfois de véritables amis. Souvent, durant dix à quinze ans, les visiteurs retiennent le même appartement ou la même villa.


Les petits commerçants et petits rentiers font de cette activité une spéculation, et, sitôt qu’arrive le mois de juin, ils placent à leurs fenêtres la classique pancarte « Appartement garni à louer, vue splendide sur la mer ». Certains Malouins déménagent dans des bâtiments secondaires, voire même dans leur poulailler pour pouvoir mettre leur maison en location. Très vite, la charmante station attire la haute société parisienne qui y établit un lieu de villégiature très mondain.


Le Figaro - journal non politique - jeudi 16 juin 1881

le figaro article Saint-Malo

« Une fois le Grand-Prix couru, l’actualité appartient aux bains de mer. Cette année, la mode qui emporte les Parisiens vers les plages de l’océan semble devoir s’accentuer d’une manière extraordinaire en raison des attractions qui leur sont offertes de toutes parts.


La Normandie conserve son antique faveur, mais elle ne sera plus seule. La Bretagne, qui est beaucoup plus intéressante et pittoresque, s’apprête à lui faire une rude concurrence. L’argent et l’activité des spéculateurs se sont enfin portés de ce côté et il faut espérer que l’indolence bretonne ne leur rendra pas la tâche trop difficile.

Le Sillon entre Saint-Malo et Paramé

La voie est ouverte par la Société de la baie de Saint-Malo-Paramé, qui a entrepris de créer un bain de mer modèle, à la façon anglaise ou américaine, sur cette plage incomparable dont le tapis de sable fin et doré s’étend sur une longueur de près de trois kilomètres, bordé par une superbe digue en granit, qui fait le plus grand honneur aux ingénieurs des ponts et chaussées.


La liste des actionnaires de cette Société ressemble à un annuaire parisien de célébrités artistiques et mondaines, hommes de lettres, banquiers, directeurs de théâtres, comédiens et même comédiennes, tous les mondes s’y coudoient.
Dans celui du théâtre, nous voyons les noms de Judic, Granier, Chaumont, Bilbaut-Vauchelet, Capoul, Talazac plus quatre directeurs : MM. Carvalho, Bertrand, Koning et Delcroix c’est-à-dire l’Opéra-Comique, les Variétés, le Palais Royal, le Gymnase et la Renaissance. Et dans le monde plus grave de la politique, ce sont les députés et sénateurs de la ville de Saint-Malo.


Comme distractions : tout était à créer et tout se crée en ce moment. Un très joli Casino s’élève et sera prêt à être inauguré dans le courant de la saison. Un Grand Hôtel est commencé, il sera prêt pour l’année prochaine.»


Journal, L’Illustration théâtrale - 1er juin 1885


« Encore quelques heures et le grand prix de Longchamp aura donné le signal du départ à tous ceux que ne retient pas à Paris le travail acharné. C’est dans les stations balnéaires de la montagne ou sur les bords de l’Océan que les amateurs de grande musique iront écouter les symphonies du Maître inconnu, tandis que MM. Uitt, Gailhard et Carvalho, les augures subventionnés du ministre des Beaux-Arts étoufferont dans la chaleur de juin.


Ah ! n’assistez point à ces deux meurtres de compositeurs innocents. Partez plutôt pour la Bretagne. Allez à Paramé. Au Casino de Paramé, vous dis-je, vous entendrez le soir la jolie musique de chambre que viendront y chanter les divettes du boulevard. Le jour, l’Océan vous bercera sous les ondes sonores du plein vent.

Casino de Paramé - Saint-Malo

À huit heures et demie du soir, couchez-vous en sleeping-car, gare Montparnasse, et vous vous réveillerez le lendemain matin à sept heures à Paramé. C’est là que toutes les jolies femmes de la Vendée, du pays de Caux, de la Beauce et du Perche se donnent rendez-vous. Tous les artistes de Paris ont défilé l’an dernier au casino de Paramé.


Le Casino et le Grand Hôtel s’élèvent sur la plage comme deux colosses de l’architecture parisienne, au milieu de villas de toutes formes et de toutes dimensions, s’écartant en demi-cercle et prenant en face de la digue infinie des proportions orientales.

Grand Hôtel de Saint-Malo

Les nombreuses villas qui couvrent cette grève autrefois abandonnée sont de construction toute récente. On peut dire que la ville est sortie de terre en trois ans. Et ce n’est pas la baguette d’une fée qui la fit ainsi jaillir du sable breton.
C’est une société de Parisiens épris de ce beau site marin qui s’est constituée pour en faire une station de bains de mer confortable.


Ce sont des gens de lettres, des gens de théâtre, des gens d’art et un philosophe qui se sont réunis aux gens du monde et aux gens de la finance pour fonder Paramé.


L’acte de Société a paru en mars 1881. Le capital est très modeste : un million.
Le Casino est l’œuvre de M. Pigoult, architecte à Paris. L’architecte du Grand-Hôtel est M. Le Royer, l’inventeur du pont roulant qui relie d’une manière si originale Saint-Malo et Saint-Servan.


M. Uavet, bien connu dans le monde des théâtres par son intelligente activité, est le grand organisateur des bals qui réunissent le soir, dans les salons du Casino, les beautés affriolantes des châteaux environnants.


M. Cayron, directeur du Grand-Hôtel, est lui, le meilleur guide des excursions que l’on fait, et par terre et par mer, aux environs de Paramé : Saint-Malo, Saint-Servan, Dinan, Dol de Bretagne, Le Mont-Saint-Michel, Granville, Avranches, Cancale, Dinard, Saint-Enogat, Saint-Lunaire, Dinan, Jersey, Guernesey, Cézembre…


On va de Paramé à Saint-Malo en vingt minutes. La chaussée qui conduit de la digue à la porte Saint-Vincent plait aux étrangers autant que la digue elle-même. C’est que, de cette chaussée, on découvre tout un panorama d’îles et d’îlots.


Il faut rester un grand mois à Paramé pour avoir le temps d’en parcourir les environs. Pourtant le plus grand nombre des excursions, sauf celle des îles anglo-normandes, n’exige qu’une demi-journée !

Casino de Sain-Malo

Mais laissons les promenades et revenons au Grand Hôtel de Paramé où la question de la table est mieux résolue qu’à l’Opéra-Comique, dont les poulets de carton me font grincer les dents lorsque je les aperçois seulement du bout de ma lorgnette.


Situé à une portée de fusil de Saint-Malo, où l’on trouve toutes les ressources gastronomiques, Paramé a sur son territoire même tout ce qui est nécessaire à la vie matérielle.


La viande y est exquise, le mouton, notamment, ne le cède en succulence qu’aux prés-salés de Normandie. Les poulets et toute la volaille en général engraissent naturellement dans les fermes, conservent cette chair blanche, tendre et ferme en même temps, que les gourmets préfèrent aux volailles les plus renommées, gavées mécaniquement.


Les fruits ne sont pas rares ; on y récolte d’excellentes poires et des figues aussi fondantes et savoureuses que celles de la Provence ; leur maturité exquise est due à la situation exceptionnelle de la baie. Le raisin y est encore peu cultivé, mais on se procure facilement ce délicieux fruit, qui arrive chaque semaine de Jersey.


Quant au poisson et aux huîtres, les pêcheurs de Cancale viennent chaque jour les livrer aux habitants des villas.


Et maintenant que vous devinez les délices de Paramé, ô lecteurs de l’Illustration théâtrale, achetez-y un arpent de sol. Vous jouirez des plaisirs paradisiaques que je vais y aller chercher moi-même la semaine prochaine. »


Octave de Morencey

PARAME IDYLLE
Chantée par Madame Céline CHAUMONT
AU CASINO DE PARAMÉ

Paramé ville balnéaire - vacances à Saint-Malo

Alors que la vie est partout triste, aux mois de juillet et d’août, nul séjour n’est plus animé. Que Paramé !
Baigneurs et baigneuses, dit-on, y rivalisent de grand ton ; rien qu’à les voir, on est charmé. De Paramé !
Le soir, on danse au Casino, non aux sons d’un mauvais piano, mais d’un orchestre renommé. À Paramé !
Sur la plage on rêve d’amour, la nuit aussi bien que le jour : que de baigneuses ont aimé. À Paramé !
On joue aussi, mais entre amis. Pour les Grecs, même les mieux mis, Le Casino reste fermé. À Paramé !
Est-ce l’air qui porte à la peau, est-ce le Soleil, est-ce l’eau ? Chacun sort du bain ranimé. À Paramé !
Et c’est un miracle constant, le plus chétif en un instant, est en athlète transformé. À Paramé !
Du reste, miracle plus fort, jamais personne ici n’est mort ; on ne connaît pas d’inhumé. À Paramé !
0 vous tous, gandins rabougris, qui dépérissez à Paris, venez humer l’air embaumé. De Paramé !
Vous ne le regretterez pas ; on y fait d’excellents repas, et le cidre est fort estimé. À Paramé !
Nous avons déjà des auteurs, des actrices, des directeurs : c’est un endroit très bien famé. Que Paramé !

Article tiré du livre " Voyageurs d'hier, Paris, Bretagne, Normandie

Voyageurs d'hier Paris Bretagne Normandie

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